mercredi 7 décembre 2011

Déclaration liminaire : CAPA des assistants sociaux du 6 décembre 2011 .Académie d'AMIENS.

Dans son avis du 20 septembre 2011 sur les inégalités scolaires, le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) souligne l’urgence d’une ambition politique en matière d’éducation en mettant en évidence un système éducatif défaillant et inégalitaire où le poids du milieu social reste plus déterminant qu’ailleurs sur la réussite des élèves. Pourtant le budget 2012 de l'Éducation, qui prévoit notamment 14.000 suppressions de postes, a été adopté jeudi à l’Assemblée avec un coup de rabot supplémentaire de 20 millions d’euros, pour contribuer au milliard d’économies supplémentaire annoncé en août par François Fillon. Ainsi les crédits destinés aux bourses des collèges et des lycées seront réduits de 11 millions et les crédits pour les fonds sociaux de 2 millions. Par ces décisions, le pouvoir coupe scrupuleusement dans les budgets sociaux, ce qui ne fait qu'empirer la situation des familles les plus démunies.
Le gouvernement, mis au pas par l’Europe et les agences de notations, sous couvert de la crise, participe au fait de jeter dans la rue huit millions de pauvres, (source Secours catholique). Trop commode crise qui tend à nous faire oublier que la misère, la pauvreté et la précarité ont pour origine des choix politiques désastreux. La chasse aux pauvres souvent accusés de tous les maux, au travail non rémunéré pour les chômeurs, aux accusations récurrentes de fraude aux ASSEDIC, aux menaces sur le versement des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire ne suffit donc plus.
Il y a quelque temps, La Défenseure des enfants rappelait que l'école doit être le lieu où ces familles peuvent trouver un soutien à leur difficultés. C’était sans compter sur la psychose de la perte du triple A !
Aujourd’hui, les enfants, nos élèves ne sont plus épargnés par ces choix scandaleux qui encore une fois sous couvert de la crise, vont faire qu’ils devront se serrer la ceinture en se passant d’un repas équilibré chaque jour de classe et renoncer à tout projet de sorties culturelles .C’est dans ce contexte de paupérisation que le service social en faveur des élèves de l’éducation nationale doit intervenir !
Que d’injustice quand on sait que l’accroissement des inégalités est en constante augmentation depuis dix ans ! Ainsi, 10 % des ménages les plus riches se partagent 50% du patrimoine alors que 10% des ménages les plus pauvres ne détiennent que 0,1% du patrimoine. Les 0,01 % les plus riches ont gagné 180 000 euros de revenus annuels supplémentaires entre 2004 et 2008. Un gain équivalent à 14 années de SMIC...
Quant au Service Social en faveur des personnels de l'Éducation Nationale,nos collègues reçoivent des personnels épuisés, désabusés, ayant perdu le sens de leur travail. La succession des réformes, des modalités de fonctionnement, la dégradation permanente des conditions de travail, l’absence de reconnaissance, la pression induite par les exigences de rentabilité et la dictature du chiffre sont autant de fractures qui fragilisent les personnels mis à rude épreuve.
Nos collègues, assistants de service social en faveur des étudiants ne sont pas épargnés : le SNUAS-FP/FSU rappelle que depuis de nombreuses années, il n’y a pas eu de créations de postes d’assistants sociaux dans l’Enseignement Supérieur alors qu’ils ont en charge des secteurs de 7 000 à 10 000 étudiants. Le SNUAS-FP/FSU revendique que les personnels aient les moyens pour exercer leurs missions.
Ainsi, sous couvert de restrictions budgétaires, les services sociaux de l’éducation nationale, avec seulement 2 400 agents, sont frappés de plein fouet par les réorganisations de services imposées par le Ministère, en multipliant les lieux d’interventions, en diluant les temps présence des assistants sociaux. Alors que les choix politiques et sociétaux (la crise financière et ses conséquences) précarisent l’ensemble des familles, les conséquences sociales, éducatives, familiales ont des répercussions sur la scolarité des élèves. Les assistants sociaux du SNUAS-FP/FSU rappellent leur participation active à la réussite de tous les jeunes et au Service Public d'Éducation.

Qu’en est –il de nos professions et nos évolutions de carrières ?
Cela fait plus de 20 ans qu’il nous a été promis la requalification et la revalorisation de la filière sociale. Au lieu de cela, nous assistons à l’appauvrissement de la profession : le Nouvel Espace Statutaire veut nous faire croire à une pseudo-revalorisation alors qu’il s’agit à l’inverse, par le jeu de l’allongement de nos carrières, d’une perte de salaire de plusieurs milliers d’euros.
L'ordre du jour de cette CAPA concerne la réduction/majoration d’ancienneté. Nous rappelons combien l’enjeu si dérisoire de 1 ou 2 mois de réduction d’ancienneté revêt cependant pour nos collègues une grande importance dans ce climat de récession. Le SNUAS-FP/FSU rappelle ici son opposition à la méritocratie. Nous contestons ces évaluations subjectives portant sur la manière de servir et la culture de résultats qui est par ailleurs parfaitement inadéquate en matière de travail social.
Nous réclamons une politique ambitieuse pour améliorer la qualité du service public, plutôt que de « distribuer » quelques mois au mérite comme à des enfants à qui on distribuerait des bons points, il faudrait au contraire investir à partir des besoins réels et créer les emplois nécessaires.
Il faudrait également reconnaître le travail des personnels en revalorisant leurs carrières. C’est une question élémentaire de justice sociale et de reconnaissance. Nous ne pouvons approuver la démarche qui consiste à saupoudrer quelques mois de bonifications par ci et par là quand les salariés, mis au pied du mur et sous prétexte du principe de solidarité, se voient amputés d’une journée de carence en cas de maladie, obligés de subir la hausse de la TVA ou encore l’allongement du temps de travail !!!